Les troubles du sommeil se caractérisent par des anomalies qui nuisent à l’endormissement, le sommeil ou la vigilance. Ils peuvent aussi être responsables de comportements anormaux durant le sommeil comme le somnambulisme. Quels sont les principaux troubles du sommeil ? Quelles en sont les causes ? Comment les traiter ? Quelle est l’influence du magnésium sur notre sommeil ? Éléments de réponse.

Tout comme le stress, les troubles du sommeil font partie des fléaux des sociétés modernes. Selon une enquête de l’Institut National du Sommeil et de la Vigilance (INSV)1, quatre Français sur dix déclarent rencontrer des troubles du sommeil. Les 55-65 ans représentent la moitié des personnes touchées par ce type de troubles. L’insomnie et les troubles du rythme circadien seraient les plus fréquents.

Quels sont les principaux troubles du sommeil ?

L’insomnie 2,3,4

Il faut distinguer l’insomnie aiguë de l’insomnie chronique. La première est occasionnelle et de courte durée. La deuxième s’installe dans le temps et se manifeste quasi toutes les nuits. L’insomnie chronique concerne 16% de la population française2. Elle se traduit par des difficultés à l’endormissement ou au maintien du sommeil, un réveil précoce ou une altération de la qualité du sommeil (sensation de sommeil non réparateur). La principale conséquence de l’insomnie est une somnolence excessive ou un endormissement inhabituels durant la journée. Elle peut également entraîner des troubles de la mémoire, de la concentration ou de l’humeur.

Plusieurs facteurs peuvent induire une insomnie aiguë ou chronique. Des facteurs cognitifs ou somatiques internes peuvent en être responsables. L’insomnie est un symptôme rencontré dans de nombreuses maladies psychiatriques et neurologiques. Elle peut aussi être déclenchée par des douleurs, de la fièvre ou encore des difficultés respiratoires. A noter que certaines facteurs extérieurs augmentent le risque d’insomnie : une mauvaise hygiène de vie, la lumière, l’utilisation tardive d’écrans et la pratique tardive du sport.

Les troubles du rythme circadien 2, 3, 4

Les troubles du rythme circadien surviennent quand les horaires de veille et de sommeil des personnes ne coïncident pas avec le cycle de lumière (jour) et d’obscurité (nuit) de la terre.

Ils sont consécutifs à un dérèglement de notre horloge biologique lequel est associé à une perturbation de la sécrétion de mélatonine (hormone du sommeil). Ils se manifestent par des difficultés d’endormissement et un réveil difficile le matin chez les personnes qui sécrètent de la mélatonine trop tard le soir (retard de phase). Chez les personnes sécrétant de la mélatonine dès l’après-midi (avance de phase), les troubles du rythme circadien se caractérisent par une somnolence en début de soirée et une insomnie matinale.

Ces troubles sont généralement passagers quand ils sont liés à un décalage horaire. Outre le « jet lag », d’autres facteurs externes peuvent être responsables de troubles du rythme circadien :

  • Un travail en horaires irréguliers ;
  • Un horaire d’endormissement et/ou de réveil qui change souvent ;
  • Un alitement long ;
  • Une cécité ou une non-exposition à la lumière naturelle sur de longues périodes ;
  • La prise de certains médicaments.

Plus rarement, les troubles du rythme circadien sont la conséquence de lésions cérébrales (encéphalite, AVC, traumatisme crânien…) ou d’une insensibilité au cycle de la nuit et du jour.

Le syndrome d’apnées du sommeil 2, 4

En France, au moins 5% des adultes souffrent d’apnées du sommeil2. L’apnée du sommeil se manifeste par des courts arrêts respiratoires (quelques millisecondes à quelques secondes) durant la nuit. Ils sont provoqués par l’obstruction de la gorge par la langue et par le relâchement des muscles du pharynx. Les apnées du sommeil concernent aussi bien les adultes que les enfants. Chez les adultes, les facteurs de risque sont l’obésité, l’âge, le sexe masculin, la forme de la gorge et de la mandibule. La consommation d’alcool peut aussi favoriser la survenue d’apnées du sommeil. Chez les enfants, elles sont le plus souvent dues à une hypertrophie des amygdales et des végétations. Quand elles se répètent, les apnées du sommeil ont tendance à nuire à la qualité du sommeil et à entraîner une somnolence diurne. Elles augmentent également le risque cardiovasculaire à cause de l’important stress généré par les étouffements nocturnes répétés.

Le syndrome des jambes sans repos 2, 4

Le syndrome des jambes sans repos (SJSR) se caractérise par un besoin irrépressible de bouger les jambes, associé à (ou provoqué par) une sensation désagréable au niveau des jambes (picotements, fourmillements, sensations de brûlure). Ces symptômes apparaissent généralement au repos, notamment la nuit pendant le sommeil.

Plusieurs études montrent que jusqu’à 10% de la population générale adulte est concernée par le SJSR de façon occasionnelle et que 2,5% en souffrent de manière régulière4. On distingue les formes primaires sans facteur déclenchant (formes héréditaires) et les formes secondaires induites par une maladie métabolique (diabète, insuffisance rénale), une carence en fer, une polyneuropathie (maladie des nerfs), une maladie neurologique ou par la prise de certains médicaments.

Les hypersomnies et narcolepsie 2, 3, 4

L’hypersomnie correspond à une somnolence diurne importante malgré des nuits de sommeil normales, voire longues. Ce symptôme touche plus de 5% de la population adulte2. Les personnes qui souffrent d’hypersomnie ont une envie irrésistible de dormir en journée et peuvent ressentir de façon brutale et passagère (quelques secondes à une minute) une faiblesse musculaire dans les jambes, les bras, le visage ou même tout le corps. A ces symptômes peuvent s’en ajouter d’autres tels qu’une paralysie du sommeil, des hallucinations en s’endormant ou en se réveillant, ou encore des rêves d’apparence réelle. Certaines personnes hypersomniaques souffrent de narcolepsie, une maladie relativement rare qui survient généralement chez les adolescents ou les jeunes adultes. Les causes de la narcolepsie restent inconnues à ce jour. Elle pourrait être due à une réaction auto-immune responsable de la destruction de certaines cellules nerveuses.

Les parasomnies 2, 3

Les parasomnies regroupent un ensemble de phénomènes anormaux pouvant se produire juste avant de s’endormir, pendant le sommeil ou au réveil. A chaque phase de sommeil ses parasomnies.

Pendant le sommeil lent profond, les parasomnies les plus fréquentes sont le somnambulisme, le grincement des dents (bruxisme), la somniloquie (parler dans son sommeil), les terreurs nocturnes ou l’énurésie (pipi au lit).

Durant le sommeil paradoxal, les parasomnies se manifestent par des mouvements violents, des bruits non articulés ou des comportements sexuels inconscients.

Les parasomnies peuvent avoir une origine génétique mais dans la plupart des cas elles sont favorisées par des facteurs qui perturbent l’organisation normale du sommeil (stress, maladie, certains médicaments…).

Comment soigner un trouble du sommeil ?5

La prise en charge d’un trouble du sommeil est spécifique à sa cause. Quelle que soit la cause du trouble, une bonne hygiène du sommeil (se coucher et se lever à heures fixes, éviter les écrans juste avant le coucher, dormir dans l’obscurité…) est souvent le seul traitement proposé en cas de problèmes mineurs de sommeil. Concernant l’insomnie, le traitement privilégié est la thérapie cognitivo-comportementale avant le recours aux hypnotiques en cas d’échec de l’aide psychologique. En dehors des hypnotiques, d’autres substances peuvent améliorer le sommeil : certains antidépresseurs à faible dose pris au coucher et la mélatonine.

Magnésium et sommeil : quels liens ?

Le magnésium joue un rôle important sur notre sommeil. Il favorise l’endormissement car il contribue au relâchement musculaire et nerveux. Un manque de magnésium pourrait donc nuire à la qualité et à la durée de notre sommeil. A l’inverse, des apports suffisants en magnésium aideraient à prévenir l’insomnie, les troubles du rythme circadien et leurs conséquences sur notre état général (somnolence diurne, fatigue chronique, troubles de la concentration et de l’humeur…). Une étude6 publiée dans la prestigieuse revue The Lancet, menée sur des personnes se plaignant de fatigue chronique, a montré qu’une supplémentation en magnésium chez ces personnes avait permis d’améliorer la qualité de leur sommeil, leur état émotionnel et d’augmenter leur énergie durant la journée.

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Annabelle Iglesias
Journaliste Santé
Diplômée de l'ESJ Pro, Annabelle Iglesias est une journaliste pigiste, spécialisée dans la santé et le bien-être. Elle écrit principalement sur des thématiques santé et nutrition.
Sources
  1. Institut National du Sommeil et de la Vigilance, 2021.
  2. Sommeil. Faire la lumière sur notre activité nocturne, Inserm (article mis à jour le 7 septembre 2017, consulté le 19 avril 2023).
  3. Insomnie et somnolence diurne excessive (SDE), Le Manuel MSD (article mis à jour en mai 2022, consulté le 19 avril 2023).
  4. L’insomnie, Centre d’investigation et de recherche sur le sommeil (article mis à jour le 25 janvier 2018, consulté le 19 avril 2023).
  5. Prise en charge du patient qui présente un trouble du sommeil et de la vigilance, Le Manuel MSD, mai 2022 (article consulté le 19 avril 2023).
  6. Red blood cell magnesium and chronic fatigue syndrome, I. M. Cox and al, The Lancet, mars 1991 (article consulté le 19 avril 2023.